Luc bouzat
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"Souvenirs de vacances d'un peintre paysagiste"

Voilà des semaines qu'il avait quitté son atelier pour s'accorder un peu de repos en bord de mer. Ce séjour était le bienvenu après une année très active, rythmée par de nombreuses expositions.Tout ce succès n'avait pas été facile à gérer, les médias, les voyages, les mondanités...
Mais déjà il commençait en s'ennuyer, et l'odeur de la térébenthine lui manquait. Son esprit revenait doucement au travail, il voyait tous ses pinceaux qui l'attendaient patiemment, bien rangés dans des pots. Il les connaissait tous par coeur, les plus vieux avaient droit à toute sa reconnaissance et toute son attention, il savait prolonger leur vie en en tirant les plus brillants effets, quels fidèles amis ils étaient.
C'est habité par ces pensées qu'il commença ce jour-là sa promenade au bord de l'eau. Décidemment, cette fin d'après-midi était délicieuse, le soleil couchant chauffait son dos tandis qu'une douce brise thermique lui amenait un peu de fraîcheur, le temps idéal. Il marchait ainsi à la limite du sable et de l'eau, jouant avec le flux des vagues, quand lui apparu brutalement ce qui était là depuis toujours et qu'il n'avait jamais vu. A ses pieds, inondées des rayons rasants de la lumière du soir, se tenaient les ruines d'un chateau de sable. Les vagues mourantes venaient lécher les remparts et poursuivaient patiemment leur oeuvre de destruction. Il fut ébloui par la scène et resta quelques instants en apnée, fasciné par le spectacle qui s'offrait à lui. Lorqu'il tenta de se ressaisir en levant les yeux, son regard balayant la plage à la recherche de repères, il fut emporté par une deuxième vague d'émotion. Poussé par la brise marine, le brouillard envahissait la grève! Tout était là, les vagues, le soleil couchant, la brume...
Il se précipita chez lui pour prendre son appareil numérique et mitrailla fiévreusement jusqu'à la nuit. En quelques heures, son expo pour la rentrée était dans la boite. Mais près une telle expérience, comment pourrait-il retrouver ses fidèles pinceaux, son tendre chevalet, les vapeurs de la térébenthine, l'ambiance feutrée de son atelier? Comment allait-il occuper ses journées?
Luc Bouzat.